Andre Alvas da Cruz

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Trophées

« L’Amérique du Sud est synonyme de football frivole et créatif. Pourtant, nous choisissons un défenseur comme le meilleur footballeur sud-américain de Belgique. Quel joueur élégant quand même ce André Cruz. »

– Foot/Voetbal magazine, mai 2020

Buteur sous la vareuse magique de la Seleçao et vainqueur d’un trophée avec le Standard, voilà une combinaison rare sur le CV d’un joueur. A la différence de José Germano et de Dante Bonfim, André Cruz a connu la sélection brésilienne avant et après le Standard, son passage en Belgique constituant une pause inévitable de sa carrière chez les Auriverde.

En toute logique, sa connaissance des stades belges aurait dû se limiter au vétuste Bosuil, fief de l’Antwerp, dont il a foulé la pelouse le soir du 12 octobre 1988 à l’occasion d’un match amical face à la Belgique (remporté 1-2 par le Brésil).  Le futur défenseur des Rouches sortait alors des Jeux Olympiques en compagnie de Taffarel, Jorginho, Mazinho, Romario et Bebeto (soit 5 cadres du Brésil champion du monde 1994) où il avait décroché la médaille d’argent et disputé tous les matches en Corée du Sud. Une sélection olympique qui allait servir de base pour le Mondiale 1990 en Italie… sans André Cruz malgré un but retentissant en match amical contre… la Squadra Azzurra (victoire 0-1) à l’automne 1989. « J’ai fait partie de toutes les sélections nationales, des équipes de jeunes à la sélection A », expliquait-il en 1992 alors qu’il était devenu un pion indiscutable de l’effectif d’Arie Haan. « J’ai participé à la campagne de préparation du Mondiale mais je n’ai finalement pas été repris dans les 22. Le sélectionneur Sebastiao Lazaroni ne m’a pas donné la moindre explication… »

Indirectement, cette non-sélection va induire son transfert au Standard, qui se trouve confronté au départ de Ljubomir Radanovic pour Nice durant l’été 1990. Le club liégeois est un moment sur la piste du Néerlandais Van Herpen (Brest, ex-Feyenoord) puis, par le biais d’un manager, André Cruz est testé lors d’un match amical aux Pays-Bas. Georg Kessler en a assez vu après une mi-temps et insiste auprès de sa direction pour réaliser le transfert.

Passer de l’équipe nationale et du grand club brésilien de Flamengo (après des débuts à Ponte Preta) à l’anonymat médiatique (vu du Brésil) de la D1 belge, André Cruz négocie un virage risqué pour sa carrière. « Ce fut une décision hâtive », reconnaît-il avec franchise depuis son Brésil natal. « Je ne voulais pas rester au Brésil et je ne voulais pas attendre. Aujourd’hui, ce serait différent si je devais prendre la même décision. »

Après des débuts en douceur (entrée au jeu à Sclessin pour un 32e de finale de Coupe contre Mol), un des points forts du Brésilien est vite apparue au grand jour : une frappe incroyable sur coup-franc. Le premier gardien à en faire les frais n’était autre que Michel Preud’homme dès la 4e journée (victoire 1-3 à Malines). « J’ai toujours très bien donné des coups de pied arrêtés. De plus, je les travaillais beaucoup à l’entraînement chaque jour : ça fait toute la différence. J’ai toujours travaillé dur à durant les séances pour être le meilleur… J’arrivais 1 heure avant et je suis toujours reparti bien après… »

Pourtant, malgré d’indéniables qualités (technique, détente aérienne, vitesse de réaction), André Cruz cristallise sur lui toutes les critiques alors que les résultats lors de cette première saison belge sont assez irréguliers au point de rater la qualification européenne en fin de saison alors que les Rouches étaient leader à la mi-novembre. Georg Kessler le balade de poste en poste (dernier homme, médian défensif, back gauche, le banc et … la tribune !) et est sous le feu des critiques du public et de la presse. « Il faut se rappeler que j’ai quitté Flamengo, avec 40 degrés à Rio de Janeiro. Une fois arrivé en Belgique, j’ai connu des températures de 10 degrés ou moins. Rien que cela, c’est déjà compliqué. L’adaptation pour Brésilien comme moi a été difficile. Je ne connaissais pas le football belge, je ne parlais pas français. Je jouais à différentes positions, peut-être parce que Kessler a vu que j’en étais capable et a voulu me tester… Oui, cette période a été très dure parce que j’ai été confronté à beaucoup de malhonnêtes (sic)… D’autres ont fait des erreurs sur le terrain et j’ai pris le blâme … Je n’ai pas mal joué. Seulement, les résultats ne sont pas venus. J’étais jeune, j’avais déjà joué pour l’équipe brésilienne, le Standard avait dépensé de l’argent pour me faire venir quand même. Avec la barrière de la langue, je ne comprenais pas… mais je ne me plaignais pas…. Je suis resté calme. Je savais que la seule façon de changer cette situation était de bien jouer. »

Heureusement, le Standard comptait déjà d’autres joueurs brésiliens (Rubenilson, Dinga) et, avec l’arrivée de Gérald Blaton à Seraing, une forte colonie brésilienne s’est développée au Pairay. « Avoir quelqu’un du pays qui se trouve à proximité aide beaucoup, a fortiori ceux avec qui tu t’entraînes quotidiennement. Cela m’a beaucoup aidé à l’époque. »

Son histoire en Rouche aurait pu se terminer sur une saison imparfaite pour les deux parties. Le PSG, qui vient d’être repris par Canal+ et a choisi Artur Jorge comme coach, veut associer en défense une autre Brésilien à sa recrue Ricardo Gomes. Suite à un problème d’avion, l’entrevue avec les représentants parisiens n’a pas lieu et André Cruz répond alors à la convocation pour le premier match amical à Visé… comme le reste du noyau pléthorique (près de 40 joueurs sous contrat !). Comme Georg Kessler un an plus tôt, Arie Haan tombe sous le charme, tout départ du Brésilien est inconcevable. « Est-ce Arie Haan qui a tout bloqué ? Je ne m’en souviens plus. Mais Haan a été très important pour moi au Standard. Il m’a parlé et m’a donné toute sa confiance. Il m’a défendu dans les moments difficiles, je lui en suis très reconnaissant. »

Symbole de cette seconde chance saisies à pleines mains : un coup-franc (tiens, tiens) pour éviter une défaite à Ekeren, sur la pelouse du Veltwijckpark synonyme de désillusions les deux saisons précédentes (élimination en demi-finale de la Coupe en 1990, défaite qui barre la route de l’UEFA en 1991). Et la semaine qui suit, Stéphane Demol entre dans le onze de base. « C’est sûr que l’arrivée de Stéphane m’a aussi beaucoup aidé. Il avait de l’expérience avec des passages en Italie et au Portugal, il parlait donc portugais. Nous nous sommes très bien compris. Nous avons formé la paire parfaite. »

A son premier exercice en demi-teinte, André Cruz a ajouté trois saisons en Rouche, marquées par de nombreux coups-francs (dont une frappe lourde et lointaine un soir de derby à Rocourt qui a longtemps fait trembler la barre de Jean-François Lecomte) et penalties (7 sur les 9 buts marqués en 1993-1994). Le Standard découvre son frère Adriano au cours d’un match de championnat en mars 1993 à Sclessin contre le Cercle : deux Cruz dans la même équipe sur le terrain en match officiel, une expérience hélas restée unique pour André. « C’était super de jouer avec lui. Il avait beaucoup de qualités. Un bon atout collectif, qui aidait sa défense, qui osait mettre le pied et donner de la voix, également bon sur phase arrêtée. Malheureusement, certaines blessures ont entravé sa carrière. »

Paradoxalement, c’est justement cette saison1992-1993, perturbée sur un plan personnel par plusieurs contretemps physique, qui va déboucher sur cette fameuse victoire en finale de Coupe contre le SC Charleroi sur le terrain d’Anderlecht. En demi-finale retour à Sclessin, le Brésilien avait eu le bonheur d’ouvrir la marque contre Waregem. « Notre seul trophée… Pourtant, nous avions une grande équipe et nous aurions pu gagner le championnat. Quelques blessures de joueurs importants ont pesé lourd… Cette victoire l’un des bons moments que j’ai connus au Standard. » Le pire était pour quelques mois plus tard avec ce 0-7 historique en Coupe des Coupes contre Arsenal. « C’était un match que je qualifierais d’atypique. Tout s’est mal passé pour nous et tout réussissait aux Gunners… »

Après 4 ans en Belgique, André Cruz avait fait le tour de la question et n’avait pas renoncé à retrouver la Seleçao. « Il était trop tard pour la World Cup 1994  mais je suis revenu en sélection dans les mois qui ont suivi. J’ai réalisé trois grandes saisons à Naples, j’ai été transféré au milan AC… et j’ai été repris dans les 22 pour le Mondial 98… que j’ai failli rater. J’ai été opéré d’une hernie discale en janvier 1998, je pouvais presque faire une croix là-dessus. »  Grâce à un forfait de dernière minute, Mario Zagallo l’a rappelé dans sa liste, même s’il n’a pas joué une seule minute en France. Aure chose qu’André Cruz n’avait pas prévue : un retour à Sclessin en début d’année 1999 a alors qu’il était peu utilisé par Alberto Zaccheroni dans l’effectif des « Rossoneri ». Flairant le bon coup, Lucien D’Onofrio le « rapatrie » dans la Cité ardente. « Physiquement et mentalement, je me suis bien débrouillé mais c’était juste pour quelques mois… »

Juste le temps de se rappeler au « bon » souvenir des gardiens belges avec un sacré coup-franc dans la lucarne de Verlinden lors d’un choc à Sclessin contre Bruges et deux autres buts en Coupe, dont un dès son premier match à Ingelmunster. Hélas, il a manqué la cerise sur le gâteau avec cette finale perdue contre le Lierse. « Oui, on peut parler de grosse déception ce jour-là.  Nous aurions pu, non nous aurions  dû gagner cette Coupe. Nous avons bien joué mais vous ne pouvez pas prendre des buts comme nous l’avons fait ce jour-là. C’est aussi simple que cela. »

André Cruz est alors reparti pour le Calcio (Torino), puis prend la direction du Sporting Portugal dès l’hiver 2000. « J’y ai retrouvé Mbo Mpenza qui venait aussi d’être transféré. Ah, le grand Mbo… mais nous n’avons guère évoqué le Standard parce que nous n’étions pas souvent ensemble hors du terrain. » Après un premier titre en 2000, André Cruz en a décroché un second en 2002 avec un certain Laszlo Bölöni comme coach. « C’était vraiment bien une belle époque. Ce n’était pas toujours facile mais Laszlo a réussi à faire du bon travail et nous avons été sacrés. Aujourd’hui, nous sommes de bons amis. »

Au Sporting Portugal, il a vu les premiers pas d’un certain Cristiano Ronaldo. « Quand Cristiano est monté dans le noyau A, j’étais toujours là. Nous nous sommes entraînés ensemble plusieurs fois, c’était encore un gamin. J’ai appelé Ariedo Braida, le directeur du Milan AC et Filippo Fusco, à l’époque le directeur de Naples, pour leur dire de noter ce nom. Plusieurs mois plus tard, Filippo m’appelle en me disant qu’il voit un phénomène en action. Je ne l’ai pas compris sur le moment puis il m’a dit qu’il regardait un match amical entre le Sporting et Manchester  Utd. Le franc est tombé et je lui ai répondu « Aahhh, tu vois Cristiano Ronaldo? Je te l’avais dit » Je lui aussi parlé de Quaresma et Hugo Viana… »

Un renseignement qui préfaçait en quelque sorte la reconversion d’André Cruz qui, après le Sporting Portugal, a encore joué à Goias an Brésil. « Je travaille toujours dans le foot, je fais des investissements au Brésil. Parfois, certains clubs viennent me voir pour des conseils sportifs : je discute des entraîneurs, des joueurs, du travail sur le terrain, des performances.  Je suis aussi intermédiaire : je vois des matches et des joueurs pour des amis en Europe et en Asie. Chaque fois que je peux aller en Belgique, j’y vais parce que  j’ai des amis là-bas. Quand je jouais en Belgique, je ne pensais jamais qu’elle me manquerait. Je dis toujours aux gens que la Belgique est un beau pays, très agréable à vivre. Il convient aussi pour y emmener des jeunes avec talent, mais avec un profil qui colle au style belge : pas le plus technique mais très fort physiquement, rapide, professionnel … Et avec une forte envie de gagner. J’espère visiter la Belgique plus tard cette année, en août peut-être. »

(c) Philippe Gerday – Mai 2020

Naissance: 20 septembre 1968, à Piracicaba
Nationalité:
Brésil
Position de jeu:
Défenseur
1ère affiliation au Standard:
9 août 1990 – 23 août 1995
2ème affiliation au Standard:
3 février 1999 – 2 juillet 1999
Trophées avec le Standard:
1x Coupe de Belgique  (1993)
Matches internationaux / buts:
  33 / 1

Carrière

Formation

1982 – 1986

Ponte Preta (BRA)

Noyau A

1986 – 1989
1989 – 1990
1990 – 1995
1994 – 1995
1995 – 1997
1997 – 1999
02/1999 – 07/1999
07/1999 – 12/1999
2000 – 2002
07/2002 – 12/2002
01/2003 – 06/2003

Ponte Preta (BRA)
Clube de Regatas do Flamengo (BRA)
Royal Standard de Liège
A.S. Calcio Napoli (prêt)
A.S. Calcio Napoli (ITA)
A.C. Calcio Milan (ITA)
R. Standard de Liège
Torino Football Club (ITA)
Sporting Clube de Portugal (POR)
Goias Esporte Clube (BRA)
Esporte Clube Internacional (BRA)

Statistiques

Matches

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
Amicaux

116
17

8
33

Buts

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
Amicaux

19
3

1
8