Eric Gerets
36.396
Minutes
30
Buts
4
Trophées
Avec Eric, on pouvait aller à la guerre.
– Ernst Happel
Tout au long de sa riche histoire, le Standard demeure indissociable de la province du Limbourg. Malgré l’essor du Racing Genk, le cordon ombilical avec Sclessin n’a jamais été coupé de l’autre côté de la frontière linguistique et ce n’est peut-être pas un hasard si un des plus illustres footballeurs issus du Limbourg symbolise magnifiquement l’esprit Standard, la « furia ».
Eric Gerets. Le « Lion de Rekem ». Tout est dit ou presque déjà dans ce surnom. Chevelure au vent, barbe fournie mais élégante, le torse bombé : jusqu’à son dernier match (le 3 mai 1992 avec le PSV Eindhoven, 15 jours avant son 38e anniversaire), il n’a cessé d’arpenter son flanc droit dans un style qui avait fait sa réputation, au Standard d’abord puis dans l’Europe entière, voire même le monde à une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas. Pourtant, ses premières foulées en rouge et blanc, il les a effectuées comme… attaquant.
Sans le savoir, les 12.000 spectateurs présents le 16 avril 1972 au Sportstadion « De Warande » à Diest ont assisté aux débuts en D1 d’une future icône du Standard et du football belge. 10 minutes insignifiantes en remplacement de Sylvester Takac qui n’empêchaient pas les hommes de René Hauss de s’incliner 1-0, synonyme définitif de la perte du titre que le Standard monopolisait depuis trois saisons.
« Je suis arrivé en 1971 à l’âge de 17 ans au Standard en droite ligne de Rekem, qui était alors en troisième provinciale. Je ne sais plus qui m’avait repéré et j’ai mis 1 an et demi à digérer le saut énorme de la Provinciale vers la D1 », se souvient-il.
La vraie percée s’est amorcée en fin de saison 72-73 ponctuée par une nouvelle finale de Coupe perdue contre Anderlecht (marquée par le doublé du Hongrois Ladinsky, fraîchement débarqué de Feyenoord, et la grave blessure de Georges Heylens). Eric Gerets back droit : la naissance du mythe était programmée pour la saison 73-74, renvoyant progressivement Jacky Beurlet vers la sortie.
« Comme attaquant, j’avais même piqué la place à P’tit Léon à un moment donné. La solution a été trouvée quand je suis devenu défenseur à l’initiative de l’entraîneur Vlatko Markovic. Cette reconversion n’a pas été simple : je devais apprendre à défendre différemment, à faire des tackles, à jouer autrement de la tête. C’était tout un écolage : Markovic me l’a inculqué avec professionnalisme et beaucoup de détermination et j’ai donc fait ma carrière à la place de back droit. »
Dans ses premières saisons, le Standard vivait des heures bousculées sur le plan sportif, jusqu’à l’arrivée de Robert Waseige en 1976. Quelques mois auparavant, Raymond Goethals lui avait déjà offert ses premières sélections avec les Diables : des débuts en octobre 1975 contre la RDA sur la pelouse… d’Anderlecht et surtout un 5-0 face aux Pays-Bas le 25 avril 76 au Kuip de Rotterdam. « Ah oui Robbie Rensenbrink, il m’a planté 3 buts dans le g… (sic) ce jour-là. »
Avec le Standard, la carrière de Gerets est allée crescendo, en parallèle avec les Diables : d’abord quelques années à lutter pour une qualification européenne, puis le retour vers le firmament du football belge concrétisée par quelques titres (la Coupe en 1981, la Supercoupe en 1981 et en 1983, le championnat en 1982 et en 1983), le Soulier d’Or 1982, sans oublier une finale européenne en Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1982 (défaite 2-1 à et contre Barcelone après avoir éliminé en demi-finale le Dinamo Tbilisi, le tenant du titre).
« Très vite, j’ai acquis de la notoriété. A un moment donné, on me comparait à Manfred Kaltz, qui évoluait à Hambourg (NDLR : un géant de la Bundesliga dans les années 70-80). C’était un beau cadeau parce que j’avais le même jeu offensif. Puis je suis devenu capitaine mais je ne me souviens plus quand. J’imagine après la blessure et la retraite de Christian Piot. Tout s’enchaînait bien. J’avais dû attendre 81 pour gagner mon premier trophée au Standard. C’était peut-être tard mais mieux vaut tard que jamais comme on dit. Gagner les titres, cela reste à jamais spécial. Et même si par la suite au PSV, j’en ai gagné de nombreux autres, le souvenir reste beau. Ce Soulier d’Or quand je le gagne, tout le monde était d’accord pour dire qu’il n’y avait pas vraiment de concurrence. Pour toutes mes années au Standard, je suis reconnaissant envers au club, aux collègues, aux entraîneurs et surtout aux supporters de m’avoir donné la possibilité d’exprimer mes qualités. C’est de loin la plus belle et la plus importante expérience que j’ai vécue. »
Sa carrière de joueur s’est achevée au Standard en 1983 sur un titre de champion. « Quand je repense à ces derniers mois, c’est d’abord une sensation de stress qui remonte à la surface. J’avais une belle offre du Milan AC et Roger Petit ne voulait pas me laisser partir. Par la suite, il demandait une somme exagérée pour me libérer. Ce n’était pas spécialement agréable. Il y avait eu pas mal d’intérêt de la part d’autres clubs les années précédentes – cela avait failli aboutir avec le FC Cologne (NDLR : un club du top de la Bundesliga à l’époque), j’estimais en effet que c’était le moment idéal de partir après 12 années passées au club. C’est pour ça que le transfert s’est réalisé. Oui, la lutte avait été acharnée avec le Sporting mais c’est bien quand tu parviens à t’imposer après un grand moment de suspense. L’apothéose n’en était que plus belle. J’avais perdu de vue que le FC Liège nous avait filé un petit coup de main en s’imposant à Anderlecht à quelques journées de la fin. »
Si l’Affaire Standard-Waterschei jette un voile noir sur cette période (« Une grosse bêtise »), elle n’a nulllement atténué la cote de popularité du Limbourgeois, qui n’a jamais été hué par Sclessin même quand il y est revenu pour glaner un titre de champion (le Lierse en 1997). « C’était vraiment exceptionnel, tout un stade qui était heureux de ce titre ! » A défaut d’avoir pu coacher les Rouches (jamais les agendas, sportifs et médicaux n’ont pu s’accorder), Eric Gerets ne rate pas un match à Sclessin en simple supporter. « C’est fantastique. Je ne dois plus analyser les rencontres. J’assiste aux rencontres avec mon épouse. Si le Standard s’impose, c’est super. Si ce n’est pas le cas, c’est moins grave parce que je sais qu’il y aura encore un match après. Je n’arrive pas avec des attentes trop élevées, je me laisse bercer par le match. »
(© Philippe Gerday, Septembre 2018)
Naissance:18 mai 1954, à Rekem
Nationalité: Belge
Position de jeu: Défenseur
Affiliation au Standard: 1 juillet 1971 – 23 août 1983
Tophées avec le Standard: 2x Champion de Belgique (1982, 1983), 1x Coupe de Belgique (1981), 1x Coupe de la Ligue (1975), 2x Supercoupe (1981, 1982)
Sélections internationales / buts: 86 / 2
Carrière
Formation
1966 – 1971
V.C. Arbeid Adelt Rekem (1605)
Noyau A
1971 – 1983
1983 – 1984
1985 – 1985
1985 – 1992
Royal Standard Club Liégeois
A.C. Milan (ITA)
M.V.V. Maastricht (NDL)
P.S.V. Eindhoven (NDL)
Entraîneur
1992–1994
1994–1997
1997–1999
1999–2002
2002–2004
2004–2005
2005–2007
2007–2009
2009–2010
2010–2012
2012–2014
2014–2015
Royal Club Liégeois (4)
K. Lierse SK (30)
Club Brugge K.V. (3)
PSV Eindhoven (NDL)
1. FC Kaiserslautern (DEU)
VfL Wolfsburg (DEU)
Galatasaray SK (TUR)
Olympique de Marseille (FRA)
Al-Hilal (SAU)
Marokko (MAR)
Lekhwiya SC (QAT)
Al-Jazira Club (ARE)
Statistiques
Matches
Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
320
36
17
40
Buts
Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
27
1
0
2