Michael Goossens

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266

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19.255

Minutes

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88

Buts

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1

Trophée

« Goossens, c’est le nouveau Van Basten ! »

Roger Henrotay, Sécretaire Général au Standard Liège

Une fulgurance dans le ciel souvent sombre, noyé dans les fumées envahissantes des usines Cockerill, Usinor, Arcelor ou, depuis 2006, Arcelor-Mittal d’Ougrée, Michaël Goossens est devenu une légende à Sclessin.  Il aurait pu être beaucoup plus que cela…A l’instar d’un Roger Claessen, symbole liégeois éternel.

Le Standard, c’est instillé dans son ADN. Né à Ougrée (30 novembre 1973), ben tiens autant commencer l’histoire au plus près de la lumière des projecteurs de Sclessin, le petit ‘Mika’ martyrise ses premiers ballons dans les rues de Tilleur avant de jouer quelques matches au Buraufosse à l’âge de six ans. Ensuite, il passera par le D.C. Cointe – dont le centre d’entraînement des jeunes est alors supervisé par … le Standard qui ne le remarquera pas!- sur les hauteurs de la Cité ardente avant de traverser la Meuse pour signer sa première affiliation au RFC Seraing où il sera repéré par Francis Nicolay alors responsable de l’école des jeunes de Sclessin. Francis Nicolay, référence liégeoise qui a évolué à Seraing (1969-1970 puis 1975-1978 entre division 3 et division 2) et au RFC Liège (128 matches et 27 buts parmi l’élite entre 1970 et 1975) avec qui il gagnera même une sélection chez les Diables rouges de Raymond Goethals (titulaire pendant 73 minutes à RDA-Belgique le 13 mars 1973 et une défaite 1-0). Le bouche à oreille de l’époque d’avant a parfaitement fonctionné…

Arrivé au Standard avant ses 17 ans (1ere affiliation le 1er juillet 1990), tout va alors s’enchaîner très vite pour Goossens. Le 13 janvier 1991, six mois plus tard, Georg Kessler, l’autoritaire général allemand, lui offre sa première sélection lors de la visite de Waregem (qui n’est pas encore Zulte) : 1-0, but du Hongrois Miklos Molnar. A ses côtés, un trio pour évidemment former les fameux « Quatre Mousquetaires » : Philippe Léonard, Régis Genaux et Roberto Bisconti. Un sacré quatuor qui a généré tant de légendes urbaines dans les nuits liégeoises : « On a grandi ensemble. Sur le terrain mais également en dehors » sourit Mika. « Quatre jeunes Wallons puisque Reg’ venait de Charleroi, c’était quelque chose de formidable pour nous, pour le club, les supporters  et les médias. Disons qu’on a vite eu une certaine réputation… » Sans dévoiler certains secrets (de Polichinelle), celle-ci était largement …. méritée !

Mais, et c’est l’essentiel, les performances s’enchaînaient alors sur le terrain. Deux buts contre Auxerre en 1/16e de finale de la Coupe UEFA 1992/93 dans un match qui est resté dans toutes les mémoires liégeoises puisque ce jour-là le club bourguignon de Guy Roux sera bousculé comme jamais (2-0 après 48 minutes) avant d’égaliser un peu miraculeusement avec une démonstration des troupes de Arie Haan dans une équipe qui comptabilisait quelques talents d’exception comme Gilbert Bodart, André Cruz, Mircea Rednic, Guy Hellers, Stephane Demol, Frans Van Rooy, Patrick Vervoort, Marc Wilmots ou Henk Vos

L’ascension continue. L’équipe dispute le titre jusqu’au bout à  et, cerise sur le gâteau remporte la Coupe de Belgique contre Charleroi sur la pelouse… anderlechtoise : « Inoubliable pour tellement de raisons. La victoire bien sûr puisque c’était le premier trophée depuis 1983 (ndlr : champion de Belgique), la communion avec les supporters, la chaleur étouffante puisque les pompiers avaient dû arroser avec leur auto-pompe les supporters des deux camps et cette soirée de guindaille à Sclessin… »

Et entretemps, le jeune attaquant liégeois – qui n’a pas encore 20 ans ! – décroche sa première sélection le 13 février 1993 à Chypre en match éliminatoires de la Coupe du Monde (0-3) où il remplace tout en fin de match Enzo Scifo à la demande de Paul Van Himst.
Lors de la saison 94/95, il fera partie de la légion… verte – couleur fétiche de Robert Waseige cette année-là – pour tutoyer Anderlecht dans ses derniers retranchements avec cette défaite 2-1 au stade Vanden Stock : l’exclusion de Filip de Wilde après son agression sur Dinga, l’égalisation de Goossens, le coup de poignard de Rutjes, une prestation éblouissante de Marc Degryse et cette égalisation injustement refusée à Marc Wilmots (Frans Van den Wijngaert, l’arbitre du choc au sommet, s’en expliquera après : ‘Je devais suivre l’avis de mon juge de touche. J’ai réagi instinctivement. Nous ne bénéficions pas de la video pour revoir certaines actions…) qui aurait sans doute offert ce titre aux Liégeois qui devront ainsi patienter 25 longues années pour coiffer la couronne de champion (1983-2008).
Une période presque dorée dont on retiendra aussi dès le départ cette déclaration de Roger Henrotay alors manager sportif au Standard: « Goossens, c’est le nouveau Van Basten ! »

« Quand tu as 18 ans et que tu prends cela dans ta tronche, c’est perturbant… » Van Basten, c’est quand même un triple Ballon d’Or (1988, 1989, 1992), un Euro 1988 avec les Pays-Bas et cette volée inoubliable en finale contre l’Urss (2-0), deux Ligue des Champions (1989 et 1990). Et des stats d’exception avec 277 buts (en 373 matches) avec l’Ajax Amsterdam et le Milan AC et ses 24 roses en 58 sélections chez les « Oranje ». Bref, un monstre… « Je crois surtout que Roger Henrotay essayait de me mettre en valeur, il rêvait d’un transfert à 100 millions. De francs belge, hein, pas en euros (rires)… » Mais l’appel de l’étranger s’intensifie. Il part alors à la Genoa avec un rebondissement inattendu : « René Vandereycken que j’avais connu au Standard me voulait à… Anderlecht. Il était venu me voir à l’entraînement en Italie. Mais vraiment, il a bien insisté… » Mais l’amour rouge le retient : « Ca a pesé dans la balance ? Sans aucun doute. Mais je n’ai pas eu le temps de gamberger, Schalke était à ma porte… »

Schalke symbolisé par… Marc Wilmots et cette Coupe UEFA 1997 contre l’Inter Milan (1-0 à l’aller sur un coup de canon du taureau de Dongelberg et le tir au but décisif pour offrir le seul trophée européen de l’histoire du populaire club rhénan) : « J’ai découvert la… discipline (rires). Il y avait le professionnalisme, la rigueur, l’exigence perpétuelle, la pression, le niveau physique, tactique et mental… »
Et une nouvelle mise en lumière, une nouvelle fois en Coupe d’Europe face à l’Inter Milan pour une revanche toute chaude en mars 1998: « On avait été battu 1-0 à Meazza mais au retour avec nos 70.000 supporters à Gelsenkirchen on avait mis une ambiance de feu. J’avais marqué à la fin du match, on avait un pied en demi-finale mais le Nigérian Taribo West avait égalisé… »

Une première saison plus que satisfaisante (24 matches, 4 buts) avant de rentrer dans le rang freiné par de trop nombreux pépins physiques (12 m., 1 b. en 98/99 et 15 m., 0 b. en 1999/2000) pour le retrouver, au mercato d’hiver 2000, au… Standard pendant trois ans où il ajoutera cent matches et 36 buts à son compteur terminant deux fois deuxième meilleur buteur du club (12 buts en 2001 derrière les 14 du Norvégien Ole Martin Aarst et 10 buts en 2002 derrière les 13 du Congolais Ali Lukunku). Sur le plan sportif, ce n’est guère brillant : une finale de Coupe de Belgique perdue contre Genk (1-4 après avoir ouvert le score dès la 1ere minute par Frédéric Pierre), une 3e (2001), deux 5e (2000 et 2002) et une 7e (2003) places en championnat.

Le chapitre liégeois se referme alors avec une carte de visite respectable de 266 matches officiels (88 buts) et une place de choix en championnat avec ses 74 buts en 226 rencontres. Un petit tour en Autriche, juste à temps, pour signer le doublé Championnat – Coupe avec le Grazer SK puis un retour discret sur les pelouses belges avec St-Trond (2004/05 : 15 matches, 1 but) et KAS Eupen (2005/06 : 16 matches, 2 buts).

Et le chapitre des Diables rouges finalement? Une version en clair-obscur, soulevant parfois de gros espoirs avant de redescendre les pieds sur terre… Son  seul but chez les Diables (en 14 sélections qui s’étaleront jusqu’au 7 octobre 2000 en Lettonie), il l’a inscrit face à l’Allemagne (1-2). Un jour historique ce 23 août 1995 pour un amical au Heysel pour le Standard puisque Paul van Himst alignera… sept (!) joueurs du Standard : Bodart, Genaux, Léonard, Foguenne, Bettagno, Schepens et donc Goossens. Une équipe qui ne comptera alors que trois trentenaires avec Bodart et Smidts (32 ans) et Staelens (31 ans). Mais, au moment du bilan, un vrai goût de trop peu puisque pour différentes raisons (blessures, méformes ou… tactiques), Paul Van Himst (CM 1994 aux Etats-Unis), Georges Leekens (CM 1998 en France) et Robert Waseige (Euro 200 en Belgique et aux Pays-Bas et CM 2002 au Japon et en Corée du Sud) l’écarteront au moment d’aligner les 22 joueurs de la sélection.

« Ma vraie déception, c’est la France en 1998. Je restais sur une grosse saison à Schalke où on avait fini 5e en championnat et atteint les quarts de finale en Coupe UEFA. J’étais pourtant dans le dernier cercle des 25 pré-sélectionnés. Il y avait les Mpenza, Nilis et Oliveira. Les frangins ne sortaient pourtant pas d’une saison bien terrible… ». Mais tout le monde connait  l’attachement de « Long Couteau » au duo des panthères qu’il a lancé à l’Excelsior Mouscron.

En 1994, c’est Josip Weber que l’on sortit miraculeusement du chapeau des naturalisés de dernière minute avec le résultat que l’on sait et ce match-catastrophe face à l’Arabie Saoudite (0-1) où le journaliste du « Soir », Jacques Hereng le nota cruellement : « Cote 4,5/10. A prouvé qu’il ne serait pas l’attaquant belge de cette Coupe du Monde. Alors que l’équipe exerçait une pression constante en seconde période, il loupa toutes les opportunités qui s’offrirent à lui… »

En 2000, c’est une blessure qui l’écarte d’un tournoi organisé sur nos terres natales: « J’avais terminé la saison au Standard en boulet de canon, on avait joué la finale de la Coupe avec le Standard mais je me suis démis l’épaule alors que j’avais déjà joué sous infiltration la seconde moitié de l’exercice… »

En 2002 : « J’avais été retenu par Robert Waseige pour le match amical en avril contre la Slovaquie mais j’avais dû jouer un match de retard avec le Standard contre le GBA. Mais j’étais assez confiant surtout que j’étais dans le noyau initial des 30 joueurs pour partir. Je croyais que ma polyvalence entre la pointe de l’attaque et les flancs allaient jouer en ma faveur. Emile Mpenza était pourtant blessé mais on a pris Strupar… »

Josip Weber- Branko Strupar, deux Croates qui n’ont guère frappé les esprits diaboliques même si Weber – décédé en 2017 – inscrivit 5 buts lors de la rencontre amicale Belgique-Zambie (9-0) le 4 juin 1994, juste au moment de boucler la sélection pour les Etats-Unis.
« J’ai toujours été supporter de cette équipe nationale. Malgré les déceptions légitimes ou les coups du sort, j’ai toujours su respecter les choix de l’entraîneur. Aujourd’hui, je suis stupéfait par le niveau de l’équipe actuelle. On joue d’abord pour gagner. Evoluer avec des talents monstrueux comme Hazard, De Bruyne, Mertens, Witsel ou Lukaku cela doit être génial… »

Sa reconversion « J’ai de suite été engagé chez Adidas pour être leur ambassadeur puis je suis passé par une agence de paris de paris sportifs et consultant-expert chez Decathlon… » Consultant télé ? « Il y a eu quelques touches. J’ai été une fois sur le plateau de RTL mais c’est vraiment pas trop mon truc. Un match de foot, je le vis tellement que c’est fou. Je préfère rester au calme… » Entraîneur ou formation d’un attaquant ? « Avec mes 200 matches en division 1, je peux directement revendiquer le diplôme UEFA B (ndlr : il y a cinq catégories avec D, C, B, Elite Youth  et Pro). Mais avec ma rééducation (ndlr : voir un peu plus loin) et le Covid, je ne sais pas trop bien où cela en est… »

Et le Standard aujourd’hui ? « On est tous punis par ce virus. Je ne manque pourtant aucun match en T3 avec les vrais fans. C’est une vraie punition. Parce qu’à la télé, Sclessin sans spectateur c’est quand même très triste… » Et un Mika toujours en rééducation après une troisième opération à l’épaule : « J’ai été opéré deux fois à l’épaule gauche durant ma présence à Schalke. L’an dernier, je suis tombé et occasionné une triple fracture à l’épaule droite. Avec ce Corona, la rééducation a été très perturbée. Il faut prendre son mal en patience. Comme tous les supporters du Standard (rires)… »

Et les quatre Mousquetaires, 25 ans après, qu’en reste-t-il? Avec, évidemment, une pensée émue à son pote Regis Genaux (NDLR : mort le 8 novembre 2008 à seulement 35 ans) : « J’y pense tous les jours, il nous manque à tous. Biscotte (ndlr : Roberto Bisconti) ? Un coup de téléphone ou des messages sur Facebook pour prendre des nouvelles. Philippe ? Avec son business et ses voyages, on ne se voit plus beaucoup, c’est vrai… »

Ainsi va la vie d’un vrai Rouche marqué au fer rouge… pour l’éternité.

(c) Christian Raspiller – Décembre 2020

Date de naissance: 30 novembre 1973, à Ougrée
Nationalité: Belgique
Position de jeu:
Attaquant
1e affiliation au Standard:
 1 juillet 1990 – 6 septembre 1996
2e affiliation au Standard: 3 janvier 2000 – 2 juillet 2003
Trophées avec le Standard:
1 – Coupe de Belgique (1993)
Matches internationaux / buts:
  14 / 1

Carrière

Formation

1983 – 1990

R.F.C. Sérésien (17)

Noyau A

1990 – 1996
1996 – 1997
1997 – 1999
2000 – 2003
2003 – 2004
2004 – 2005
2005 – 2006
2006 – 2007

Royal Standard de Liège
Genoa C.F.C. (Ita)
F.C. Schalke 04 (All)
R. Standard de Liège
Grazer A.K. (Aut)
K. Sint-Truidense V.V. (373)
K.A.S. Eupen (4276)
R.U.S. Bercheux (4344)

Statistiques

Matches

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
Matches amicaux

226
17

23
63

Buts

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe
Matches amicaux

74
7

7
33