Roger Claessen

icon-matches

227

Matches

icon-minutes

20.451

Minutes

icon-ball

160

Buts

icon-cup

4

Trophées

« Depuis le départ de Roger Claessen, il n’y eut plus jamais, en Belgique, un centre-avant aussi fort que lui. Il possédait tellement de qualités naturelles que le terme ‘défenses renforcées’ n’avait aucun sens pour lui. Son engagement, son tempérament étaient tels qu’il ne recherchait jamais la facilité. Et son jeu de tête est probablement le plus terrible de tous les temps en Belgique. »

– Léon Semmeling

Roger, ce merveilleux enfant terrible

« Je vous offre le dernier chez moi, c’est le jour de fermeture de mon bistrot »

« Avec plaisir, Roger ». Mon ami Terry Dempsey et mézig quittons la table de l’Asti, rue de la Madeleine, et suivons le plus grand avant-centre de l’histoire du Standard et, peut-être même du royaume. Arrivé au Centre-avant, Bd de la Constitution, Roger soulève le couvercle du juke box et sélectionne une douzaine de disques. Surprise, nous allons écouter douze fois Blue Eyes d’Elton John. Emouvant. Roger,  derrière son comptoir, Terry et moi face à lui, refaisons le monde pour la énième fois de la soirée. Et quand trois idéalistes, disciples d’Epicure de surcroît, abordent le sujet, on n’est pas sorti de l’auberge.

En ce dernier jour de septembre 1982, Terry et moi n’imaginions un seul instant que nous ne reverrions jamais l’ami Roger. Toutefois, lui avait plus que probablement programmé de longue date sa disparition. Le 3 octobre, tout le côté Rouchede Liège se réveillait avec la gueule de bois. Roger Claessen n’était plus. Consternation. Incompréhension. Enorme tristesse. Celui dont le portrait, aussi immense que son personnage, orne la façade du Stade de Sclessin, restera à jamais une véritable icône pour les plus anciens qui l’ont connu.

Ses très nombreuses frasques étaient toujours acceptées avec une mansuétude certaine par le bon peuple de Liège. Comme Tchantchès, Roger avait les cheveux très près de la tête, le gosier en pente, l’esprit frondeur, il était révolté de naissance, écorché vif mais défenseur de la veuve et de l’orphelin, toujours prompt à s’enflammer pour toutes les nobles causes. En fait, les Liégeois l’adoraient, pour ses qualités footballistiques hors du commun, certes, mais aussi parce qu’ils se reconnaissaient en lui. A la différence près qu’eux n’osaient pas se comporter comme leur idole.

Si Roger et moi, avons été quelques fois compagnons de guindailles, même parfois la veille d’un match du Standard, je ne le connaissais pas aussi intimement que mon confrère et ami Christian Hubert. J’ai relu récemment l’ouvrage biographique, truffé d’anecdotes, que le journaliste de la DH/Les Sports avait consacré à son ami Roger auquel il vouait une affection non dissimulée. Au hasard, relevons-en quelques-unes assez fumantes.

Dans la postface du bouquin que celui qui faisait penser à James Dean avait lui-même rédigée, l’ingérable Roger (mais pas La-Honte, surnom qui m’insupporte) explique : « Je suis un cas, un révolté mais pas un rebelle. Révolté parce que je m’insurge contre l’injustice de notre société mais pas rebelle parce que je n’ai pas la mentalité d’un militant. »Et de poursuivre, comme tout épicurien qui se respecte : «Il est exact que si j’avais voulu j’aurais pu ajouter quelques années de gloire à ma carrière. Je n’ai jamais voulu être tributaire d’une forme de sport où, pour réussir, il faut brimer sa personnalité et son amour-propre. Je n’ai jamais eu envie de thésauriser comme le font ceux qui ne vivent que pour l’argent, sous prétexte d’assurer leur sécurité matérielle. Car, comme le dit ce vrai poète qu’était mon vieux copain Jacques Brel, cette sécurité-là est une forme de médiocrité de l’âme »

Sur le terrain, Roger était le joueur le plus généreux et le plus spectaculaire de son époque. Peut-être même de tous les temps car cinquante après, il n’a pas encore été remplacé ni dans l’équipe principautaire, ni dans le cœur de ses fans. Erwin Kostedde est probablement le n° 9 qui s’en est le plus rapproché mais malgré ses 59 buts en 67 matchs, ce n’est pas en l’espace de quatre saisons (1968-71, puis 1978-79) qu’il aurait pu combler le gouffre laissé par le départ de Roger.

Il est évident que Claessen n’affiche pas le CV que son immense talent aurait mérité. Deux titres, trois coupes, dont la dernière avec le Beerschot, et un titre de vice-champion de Bundesliga avec Alemannia Aachen où des centaines de standardmen se déplaçaient tous les quinze jours pour voir évoluer leur ex-enfant terrible… mais toujours chéri. Réducteur comme palmarès mais il s’en contentait. Son plus glorieux fait d’armes restera son titre de meilleur buteur du Standard en coupes d’Europe (22 buts). Nous ne nous avancerons pas en affirmant qu’il ne sera jamais égalé.

Roger nous a quittés à 41 ans. S’est-il suicidé comme l’affirment certains ? Mystère, mais une certitude : il s’est détruit. A la question de savoir s’il serait encore titulaire dans le foot d’aujourd’hui, Christian Hubert répond  sans hésiter : « Oui. Par sa façon de jouer. Non, par son mode de vie. »

Hormis ses énormes qualités de joueur, la popularité du gamin de Warsage s’explique sans doute par cette dernière confidence faite à mon collègue : « Après le match, j’allais boire quelques mousses avec les fans. Raconter mes buts me procurait un plaisir identique à celui de mes admirateurs qui écoutaient. Je ne comprends pas les pros d’aujourd’hui (ndlr : 1982) qui désertent le stade sans un mot pour leurs fans. Comme un ouvrier quitte son usine. »

Une affirmation plus que jamais d’actualité 36 ans plus tard.

(© Claude Henrot, sept. 2018)

Naissance: 27 septembre 1941 à Warsage
Décès:
3 octobre 1982 à Liège
Nationalité:
 Belgique
Position de jeu: Attaquant
Affiliation au Standard: 26 juillet 1956 – 30 juin 1968
Trophées avec le Standard: 2x Champion de Belgique (1961, 1963), 2x Coupe de Belgique (1966, 1967)
Sélections internationales / buts: 17 / 7

 

« Je reste convaincu que je suis un cas. Je laisse faire ma nature.  Je n’ai jamais d’idée préconçue. Je vis selon le moment et cela explique un peu certains agissements. Je reconnais avoir un caractère assez bohème. Quand je dis que je suis un sentimental, tout le monde se marre. Je ne suis pas assez matérialiste pour le siècle que nous vivons… »

Carrière

Formation

1954 – 1956
1956 – 1958

R.E.S. Dalhemoise (128)
Royal Standard Club Liégeois (16)

Noyau A

1958 – 1968
1968 – 1970
1970 – 1972
1972 – 1974
1974 – 1977
1977 – 1978
1978 – 1981

Royal Standard Club Liégeois (16)
T.S.V. Alemannia Aachen (DEU)
K. Beerschot V.A.V. (13)
R. Crossing Club de Schaerbeek (55)
R.J.S. Bas-Oha (1654)
R.F.C. 1924 Saint-Vith (1728)
R. Queue-du-Bois F.C. (378)

Statistiques

Matches

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe

178
20
N/A
29

Buts

Championnat de Belgique
Coupe de Belgique
Coupe de la Ligue
Coupes d’Europe

122
16
N/A
22